Les tiers lieux de divertissement numérique (E Sport, réalité virtuelle, robotique…)

De façon générale, les loisirs numériques ne cessent de se développer (services, équipements, supports, écosystème d’acteurs), et représentent un marché en plein en essor : accroissement de la réalité virtuelle (VR), augmentation des pratiques en lien avec les jeux vidéos durant la pandémie, démocratisation des usages etc… Aujourd’hui, le marché des jeux vidéos est 2 fois supérieur à celui du cinéma, et représente 180 Mds de dollars en 2020.

Les jeux vidéos ont maintenant toute leur place dans le secteur du divertissement. Ce sont plus de 3 milliards de personnes dans le monde qui jouent régulièrement selon DFC Intelligence (+20% en 2020). Ainsi, le secteur est passé d’une pratique « de niche » des années 1970 à 1990 à une pratique largement répandue. Par ailleurs, l’opinion publique, au départ méfiant, est plutôt dans l’acceptation aujourd’hui.

Actuellement, le phénomène de l’E Sport déplace les foules, même en France, en témoigne les 15 000 spectateurs présents à l’Accor Hôtel Arena de Paris le 4 juin 2022 pour assister à la finale de la Trackmania Cup, une compétition sur le jeu vidéo Trackmania, un célèbre jeu de course automobile. C’est un fait, le « gamer » d’hier n’est pas le « gamer » d’aujourd’hui, et il aime se déplacer pour rencontrer les personnes qui partagent sa passion, découvrir, échanger, et il a donc besoin de lieux pour le faire.

Le sujet a même atteint le sommet de l’Etat, puisque le Président Emmanuel Macron a reçu les acteurs de l’E Sport français à l’Elysée, témoignant d’une reconnaissance pour les champions et l’ensemble des professionnels du secteur, qui est particulièrement développé en France.

Le phénomène prend de l’ampleur. Selon le baromètre France Esports 2020, le pays comptait 7 800 000 de consommateurs ou pratiquants, soit 16% des internautes de 15 ans et plus. A noter toutefois que la pratique varie entre les joueurs grand public, les joueurs « e-sportif loisir » et les joueurs « e-sportif amateur », ces derniers s’intéressant surtout aux jeux vidéos avec classement et compétition.

C’est bien dans ce contexte certains acteurs s’emparent du sujet : centres commerciaux, communes, intercommunalités, acteurs de l’écosystème du numérique, acteurs de l’enseignement et de la formation… et prennent conscience du fait que la thématique est très attractive du côté des plus jeunes, et de plus en plus chez les moins jeunes, notamment avec la réalité virtuelle. 

Ce type d’équipement devient un véritable argument d’attractivité et de marketing territorial pour les territoires, en témoigne aussi certaines déclinaisons sur le thème de la culture comme les Micro-Folies par exemple, qui sont de véritables musées numériques rendant les plus grandes œuvres et donc la culture accessible au plus grand nombre.

En outre, les sujets de la jeunesse et du numérique sont de plus en plus cruciaux dans les territoires, et plus particulièrement dans les territoires ruraux et périurbains. Ces besoins rejoignent souvent la problématique de l’isolement qui s’est accentuée avec la crise sanitaire. On note une demande croissante en liens sociaux et en espaces de rencontre dans ces territoires, et les tiers lieux numériques (d’innovation, de divertissement, de formation, de partage) constituent une partie de la réponse. Tout bien considéré monde de l’E Sport et du numérique de façon générale (informatique, jeux vidéos, drones, robotique, univers mangas, rétro gaming, réseaux sociaux, formations, simulation, streaming…) permet de rassembler un public hétéroclite et de diversifier l’offre d’équipement de la collectivité, souvent réduite aux infrastructures sportives.

Les tiers lieux de divertissement numérique (E Sport, réalité virtuelle, robotique…)

Face aux problématiques des territoires ruraux dans le domaine de la santé, les tiers lieux de santé font aussi partie des tiers lieux innovants qui essaiment de plus en plus sur le territoire national.

Cette tendance se vérifie aux niveaux des appels à projets :

      • Plan France 2030 : Ouverture de l’Appel à Projets « Ties lieux d’expérimentation » avec un budget de 63 millions d’euros sur 4 ans, destiné à financer des tiers lieux pour répondre au manque de terrains d’expérimentation pour la filière numérique en santé. L’objectif est de favoriser l’émergence de solutions innovantes, appuyées sur des approches scientifiques pluridisciplinaires et des modèles médico-économiques ambitieux pour conquérir le marché de la santé numérique, en pleine croissance aujourd’hui. 100 expérimentations sont prévues d’ici 2025.
      • Appel à Projet « Un tiers lieu dans mon EPHAD » fin 2021 par le CNSA. Plus de 362 projets ont été déposés aux différentes Agences Régionales de Santé (ARS). Tous les projets de tiers lieux financés intègrent dans la conception et l’animation du lieu des partenaires locaux – acteurs associatifs – publics ou privés – collectivités pour proposer à tous des activités culturelles, culinaires, artistiques, solidaires ou encore écologiques. L’EHPAD devient alors un pôle attractif où les dynamiques locales s’expriment et se rencontrent, permettant aux résidents d’être au cœur des échanges du territoire.

Conjointement à tout cela, le sujet de la santé est un sujet qui monte en puissance. En effet, le développement du distanciel, du big date et de l’IA, autrement dit du numérique en général, est perçu comme un atout dans le domaine. Selon le ministère de la Santé en 2018, le développement de la télémédecine a permis à 2,5 millions de patients d’être pris en charge.

L’outil numérique peut également favoriser la réduction des inégalités en matière d’accès aux soins, sachant que près de 12% [1] des Français vivent aujourd’hui dans un désert médical, soit quelques 7 millions de personnes. Par ailleurs, 96% des urbains ont accès aux urgences en moins de 30 minutes, contre seulement 79% des ruraux[2]

 

En se positionnant comme des petits espaces à côté des habitations qui favorisent les logiques de proximité, les tiers lieux ont un rôle à jouer en tant qu’élément de réponse pour pallier le manque de soins dans les zones les moins privilégiées. Avec une diversité très large, chaque tiers lieu en lien avec la santé peut développer sa propre approche : médecine traditionnelle, médecine alternative, bien être, médecine de l’esprit… Certains tiers lieux d’activités (espaces de bureaux partagés), qui au départ n’avaient pas d’étiquettes, se sont tournés avec le temps sur le domaine de la santé. C’est le cas par exemple du tiers lieu « Le Pré en Bulle » en Vendée (85), où les usagers ont eux-mêmes orienté le lieu vers une dimension « santé et bien-être ».

[1] Etude Iqvia relayée dans l’Express le 03/04/2022

[2] Etude sur la santé en milieu rural, Distance d’accès aux services d’urgences, AMRF, février